En 2003, une fille avec un pantalon taille haute, des lunettes à écailles, fan de BD et aimant les hommes poilus était une folle.
En 2018, c’est ta collègue, ta pote, ta voisine, la serveuse du bar, la patronne de la librairie, la fille que tu dragues, ton ex, ta mère, ta soeur, ta tante et même ton père.
Les temps changent. C’est Mc Solaar qui le disait à l’époque où il était cool.
1. La banane
Même Renaud le dit « toujours la banane ». Bah ouais, c’est trop pratique une banane. On peut y mettre tout ce qu’on veut, même un K-way. Si on m’avait dit en 2001 qu’on reporterait des bananes en 2016, j’aurais ri. Tout simplement.
2. Les pulls de Noël
Dans Bridget Jones (2001), Colin Firth porte un pull de Noël, manière de signifier au spectateur que c’est un gros tocardo à sa môman. J’ai vu une interview récemment d’un leader d’un groupe trop hipster qui portait un pull de Noël. La terre est ronde, les enfants.
3. Les sonneries de téléphone pourries
Toutoulouloulou loulouloulou… On n’en pouvait plus de ces sonneries insupportables en deux bits. On n’en pouvait tout simplement plus. Aujourd’hui, elle nous manquent. Nostalgie de l’enfance et des petits bilibibips.
4. Le Minitel
Objet infini de moqueries avec l’avènement d’Internet, le Minitel est redevenu cool à partir du moment où il avait perdu définitivement la bataille. Avoir un minitel qui ne marche pas chez soi, c’est la hype, tout simplement.
5. Les grosses lunettes
En 2001, une personne qui portait des lunettes immenses à monture zébrée était soit un Allemand, soit Michel Fourniret, soit un vieux.
En 2016, une personne qui ne porte pas des lunettes immenses à monture zébrée est un naze.
6. Les sites de rencontre
Dans les années 2000, l’idée même de s’inscrire sur Meetic ou Sortirensemble.com était un aveu d’échec social et la porte ouverte à toutes les moqueries possibles. Depuis l’explosion du marché et sa normalisation avec Tinder, le premier réflexe quand des gens se séparent est de demander « Pourquoi tu t’inscris pas sur Tinder ? » Si tu dis « parce que ça me fait chier », tu passes pour un catho coinços.
7. Les poils pour les mecs
Aux derniers feux des Boys Band, le visage était glabre et les corps épilés. Désormais, 100% des 20-30 ans portent la barbe et avoir des poils sur les épaules n’est plus un motif d’exclusion sociale.
8. Avoir un chat
2001 : « T’as un chat ? T’es une vieille fille triste. »
2016 : « Tas un chat ? Trop cool, t’as trop de chance, tu devrais le filmer et en faire une star d’Internet »
9. La musique des années 1980
En 15 ans, écouter Niagara a pris 15000 points de coolitude. Soit mille par an.
10. Aimer la BD
Aimer la BD était autrefois une habitude de nerd triste, habitué à se palucher sur des planches de Manara en vivant des aventures spatiales par la pensée à défaut de les vivres pour de vrai. On te considérait comme un débile trop con pour lire des vrais livres. Ta collection faisait rire et tes sérigraphies pleurer. Désormais, tu es le pourvoyeur de conseils avant chaque cadeau d’anniversaire et les gens se pressent pour passer l’après-midi chez toi à lire toutes tes BD.
11. Les troubles dépressifs
Dans une époque de reprise économique, personne n’aurait songé à ériger le mal-être en art de vivre et la négativité n’avait rien de sexy. Désormais, quelqu’un qui ne revendique aucun trouble dépressif et aucune angoisse est suspect ; probablement un imbécile heureux.
12. Les séries télé
Columbo ? Ringard. Chapeau melon et bottes de cuir ? Incompréhensible. Amicalement vôtre ? Maniéré. Sous le soleil ? De la merde. La petite maison dans la prairie ? Un enfer. MacGyver ? Tocardos. Dallas ? Ne me fais pas rire. La télé, c’était de la crotte et les séries l’apanage des incultes qui la regardaient.
Aujourd’hui, si t’as pas vu Breaking bad t’es un OVNI.
13. La taille haute
Est-il besoin de rappeler le regard que l’on posait sur une personne portant un jean taille haute en 2000 ? Quelque chose comme ça.
14. Nagui
En 2000, Nagui était au milieu du désert. Maintenant, c’est l’animateur-producteur le mieux payé de toute la télévision. La vie, hein.
15. Matthew McConaughey
Quelqu’un devra un jour révéler le processus ayant conduit l’acteur trentenaire le plus tocard des années 2000, habitué des comédies romantiques nulles et des films à muscles sous-produits, à devenir le quarantenaire avec la meilleure filmographie des années 2010. Un jour, nous obtiendrons des réponses.
Génération régressive.